Alex Nikolavitch, des bulles et des mots

Comme  chaque samedi  matin, les locaux de l’AVEC à Chanteloup bruissent d’une énergie  créative. Autour d’Alex Nikolavitch, une petite dizaine d’élèves de tous âges s’affairent : crayons  en main, ils laissent libre cours à leur imagination, un personnage effrayant prenant vie sur  chaque feuille. À l’approche d’Halloween, l’exercice du jour est un classique revisité par chacun à  sa manière, du bonhomme bâton au style manga en passant par des tentatives plus réalistes. Entre le  grattement frénétique des crayons et les rires discrets, Alex Nikolavitch anime la séance avec  bienveillance, distillant conseils et encouragements. Il se remémore, pour Infoloup & Vous, son  parcours de scénariste, traducteur et pédagogue passionné, un itinéraire atypique qui l’a amené à  devenir une figure bien connu de la bande dessinée en France.

Très jeune, Alex se passionne pour la bande dessinée. À cinq ans, il commence déjà à créer des  histoires sans paroles dans des carnets. À l’époque, son entourage ne prend pas toujours ses  ambitions artistiques au sérieux, mais cela ne le décourage pas. Il choisit de se former dans un  métier « sérieux » et obtient un diplôme de préparateur en pharmacie en 1992. Ce métier lui permet de  jongler entre missions d’intérim et passion pour l’écriture, qu’il nourrit d’abord au sein de  fanzines ( publication de faible diffusion élaborée par des passionnés de science-fiction, de  bandes dessinées, de cinéma, etc., Ndlr). C’est ainsi qu’il rejoint Le Goinfre, un magazine amateur où il côtoie des noms tels que Denis Bajram et Éric Liberge. Cette expérience lui permet de tisser des liens précieux et de développer ses compétences.

Un parcours aux multiples facettes Au fil des années, Alex s’oriente vers l’écriture de scénarios, mettant à profit ses compétences en narration et en dialogue, et commence à publier dans des cercles professionnels. Cependant, c’est dans la traduction qu’il trouve une véritable opportunité lorsqu’un éditeur de Marvel France, impressionné par sa compréhension des comics américains, lui propose d’en traduire. « 25 ans après, j’en suis à peu près à 500 albums traduits », raconte-t-il. A son tableau de chasse des mastodontes du genre : Batman, Hulk, The Boys et bien d’autres… Rapidement, il se fait connaître pour son expertise et multiplie les collaborations avec des éditeurs comme « Soleil » et « Les Humanoïdes Associés ». En parallèle de sa carrière d’auteur et de traducteur, le Conflanais se tourne naturellement vers la transmission. À Chanteloup, il s’investit dans des cours de dessin où il partage les fondamentaux de la grammaire graphique et narrative. « Ce qui est important pour moi c’est d’apprendre à regarder. Avant même de se former la main, c'est de se former l'oeil », estime le professeur de l’AVEC.

Auprès de ses élèves, il transmet également des valeurs de persévérance et d’ambition.« Est-ce que tous mes élèves deviendront des professionnels ? Probablement pas. Mais j’en ai aidé certains à intégrer des écoles d’animation et de design », confiet- il avec fierté. Son accompagnement va au-delà des cours : il aide ses élèves prometteurs à constituer leurs portfolios et à se préparer aux concours d’admission. Cette démarche est d’autant plus importante dans des villes comme Chanteloup, où les jeunes se heurtent parfois à des obstacles pour se projeter dans des carrières artistiques.

« Avec le dessin on travaille la confiance en soi, pour les enfants, les jeunes, c’est très intéressant. Et puis un dessin, c'est tout de suite parlant. C'est-à-dire que même quand les mots manquent, on peut s'exprimer par le dessin », ajoute Alex Nikolavitch. Et cette envie d’encourager l’expression de nos jeunes, c’est tout le coeur de l’activité de l’AVEC qui démocratise les pratiques artistiques et culturelles en les rendant accessibles à tous.