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Mounir Satouri, un Chantelouvais à Bruxelles
Né en 1975 à Casablanca, dans le quartier populaire de Derb-Ralef, Mounir Satouri a passé son enfance au Maroc avant de s’installer en France à l’âge de 16 ans. A cette époque, le virus de la politique coule déjà dans ses veines. Elevé par une mère féministe et anticolonialiste, il grandit dans un environnement militant. Très tôt, le jeune Mounir manifeste pour les droits et contre les injustices, quitte à en payer le prix fort.
A 15 ans, il est arrêté et placé en détention par la police marocaine pour avoir contesté publiquement un projet de réforme de l’éducation. Une expérience qu’il qualifie de « traumatisante » mais qui a forgé chez lui sa « soif de liberté » et son « envie de ne rien lâcher ».
A 19 ans, il pose ses valises à Chanteloup-les-Vignes, où il résidera jusqu’à ses 25 ans, avant de s’installer aux Mureaux. Il gardera toutefois une forte attache avec la commune où il travaillera jusqu’en 2014, d’abord dans l’insertion professionnelle chez AIDE puis au sein de la maison de l’emploi avant de prendre la direction du centre social Grains de Soleil en 2007. « Mon vécu de Chantelouvais est indissociable de mon parcours militant, explique-t-il. Il a en grande partie conditionné ma volonté d’investir les champs du social, de la formation, de l’emploi ou de la mobilité. Même si cette ville a énormément évolué au cours des vingt dernières années, elle a longtemps été - et reste encore en partie - un territoire déclassé où la jeunesse n’a pas toujours sa chance, où elle peut être discriminée et où les habitants doivent se battre pour s’en sortir ».
La naissance d’une vocation
En 2001, Mounir Satouri rejoint le parti les Verts (aujourd’hui Europe Ecologie Les Verts), après avoir été très actif au sein du syndicat étudiant UNEF-ID et du PS (Parti socialiste). Un engagement qui s’inscrit dans le prolongement de son expérience personnelle et professionnelle. « La France m’a accueilli et m’a permis de me construire, se souvient-il. Je lui dois beaucoup. J’ai par ailleurs bénéficié d’un soutien très fort lorsqu’à ma majorité, le Préfet des Yvelines m’a notifié un arrêté de reconduite à la frontière. Tous les élèves de mon lycée se sont mis en grève et certains élus comme Michel Rocard et Pierre Cardo ont intercédé en ma faveur. Cette mobilisation a forgé chez moi une envie de rendre. Mon orientation politique, notamment sur le champ social, et née de cette expérience ».
Fort de ce sentiment, le jeune écologiste poursuit son itinéraire politique. Ses sujets de prédilection embrassent naturellement le champ de la justice sociale mais pas seulement ; dès le début des années 2000, Mounir Satouri se bat contre les énergies fossiles et le nucléaire, contre le productivisme et l’ultralibéralisme, contre les atteintes aux libertés humaines et les discriminations… La suite est un exemple de réussite républicaine. En 2002, l’ancien réfugié est naturalisé français. En 2008, il devient conseiller municipal dans sa ville des Mureaux. Deux ans plus tard, il est élu au Conseil Régional d’Ile-de-France dont il récupère, dès 2012, la présidence du groupe écologiste. Réélu conseiller régional en 2015, il est reconduit à la présidence du groupe écologistes et apparentés. Enfin, en mai 2019, il est élu Député européen sous l’étiquette Europe Ecologie Les Verts. Un aboutissement dont il mesure bien la portée : « je suis très honoré et ému de représenter la France et les Français au Parlement européen. En tant qu’écologiste, je compte aussi bien évidemment aller au bout de mes engagements. Notre responsabilité actuelle est d’incarner une alternative crédible entre l’ultralibéralisme et le populisme ».
Penser global, agir local
Depuis son élection, l’eurodéputé s’installe dans ses dossiers, tout en réorganisant son quotidien. « Je passe une grande partie de ma vie dans les transports en commun entre Paris, Bruxelles, Strasbourg, Chanteloup et les Mureaux précise-t-il. Les choses vont très vite. Notre groupe parlementaire est en place. Pour ma part, je viens d’intégrer la commission emploi et affaires sociales pour travailler sur des questions telles que le salaire minimum, la sécurité sociale ou l’utilisation du fonds social européen ».
Constatant que l’Europe est à un tournant et que le rêve d’unité des pères fondateurs a été terriblement fragilisé par le Brexit et les mouvements populistes, Mounir Satouri appelle de ses vœux un virage à 180 degrés : « l’Europe s’est surtout construite autour du marché commun ; or, sur les questions de solidarité, de cohésion et de justice, nous avons trop joué les uns contre les autres, sans forcément tenir compte de l’avis et des besoins des populations. Cela a créé de la défiance, voire de l’indifférence. L’enjeu d’aujourd’hui est de retisser du lien. Je pense que la transition écologique, le défi démocratique et les questions sociales seront au cœur de cet enjeu. Pour nous, ça sera un vrai combat quotidien ! ».
Son combat, l’élu le poursuit également sur ses terres yvelinoises. En février dernier, il a notamment pris la Présidence de l’association chantelouvaise Espoir, qui pilote la mise en œuvre d’un nouveau projet social pour le quartier de la Noé, suite à la mise en liquidation judiciaire du centre social Grains de Soleil. Un nouveau challenge qui relève pour lui d’une obligation morale : « quand j’ai quitté ma fonction de directeur du centre social, je me suis engagé à revenir en cas de problème. Je suis un homme de parole et j’irais au bout de ce nouveau défi. Quelque part, là encore, nous sommes toujours sur l’idée de rendre à celles et ceux qui m’ont fait. Je n’ai pas su dire non ! ». République, quand tu nous tiens…
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Mise à jour
24/08/2021